Le dernier voyage et nous...

Suite à une suggestion, et face à une réalité, le sujet est ouvert. :=BA=:

Une réalité que nous avons tous a vivre un jour, accompagner quelqu'un a son dernier voyage.

J'ai choisi de ne pas fuir devant cette réalité aussi quand mes proches s'en vont pour le grand voyage au pays des rêves je les accompagne du mieux que je peux.

Nous faisons souvent l'erreur de dire au mourant qu'il peut partir...
il faut faire attention, parfois on ne le libère pas, et il le pressent comme si on avait hâte... Une psychologue aux palliatifs me disait de dire a Denyse qu'elle avait le choix de partir quand elle le voudrait et qu'on l'accompagnerait d'ici là de notre mieux.

Ma mère chantait en partant de sa belle voix mélodieuse; elle chantait "partir c'est mourir un peu, on laisse un peu de soi .....etc.etc." avec le sourire dans la voix. Maurice est tombé dans mon escalier victime d'un infarctus.

Mon amie n'est plus lucide et le médecin a dit que le cancer gagnait si rapidement du terrain; comme un feu de paille qu'on allume. Elle ne voit plus. 3 jours a 3 semaines max. Je suis contente d'avoir pu la prendre dans mes bras un après-midi entre deux doses ou elle était bien vivante et tout sourire. On a pleuré ensemble, on s'est raconté tant d'histoires drôles surtout... Il faisait beau et après j'ai eu besoin de grand air moi a qui le cancer a donné congé depuis 7 ans. Jaco qui a frôlé la mort de si près, elle n'a pas voulu de lui, il aurait été faire le bordel de l'autre côté.
Nous sommes des chanceux nous, Capucine, Jaco et moi.

J'imagine que d'autres ont encore des trucs a raconter...

Je déteste les départs, je déteste l'absence, je déteste quand mon monde s'en va pour le dernier voyage, je pleure des larmes de sang quand mes animaux meurrent.

J'ai horreur des départs...

Renaud bonne idée que ce fil...


Et Lord tu n'as pas a parler; toi qui porte en toi la pire des douleurs.

Moi j,ai accompagner mon père , j'usqu'a la fin j'ai tenu sa main, mais ce qui me fait le plus mal c'est d'entendre( après presque 2 ans ,) la dificulter a repirer,
Je me reproche aussi de ne pas être partie tout de suite après le premier appel de la résidence ou il demeurais.

Il y a aussi un souvenir, qui remonte, 13 sept, 1974, mon petit beau frère c,est fait happer par un camionette en traversent devant l'autobus scolaire le chaufeur de la camionette n'avais pas arrêter aux clignotant. plusieurs enfants dans l'autobus criait et le chaufeur du bus était sous le choc.Il pleuvait, la mort a été insantaner. Le soir mon mari a creuser sur le sable ou le petit avait été projetter, pour enlever le sang je le revois les larmes plein les yeux.

Mon père est décédé à l'âge de 51 ans des suites d'un cancer généralisé dont l'origine était les poumons.

Dans sa chambre à l'hôpital, je lui tenais la main, il semblait dormir et ne pas souffrir mais tout à coup, il a ouvert les yeux grands, grands et m'a regardé intensément dans les yeux puis, c'était fini !

J'ai lu ou entendu que la personne s'autorise a mourir en présence de l'être le plus aimé.

C'est peut-être ça Lord. Même si je ne suis pas imbue de croyances de toutes sortes...

Diane, j'y crois. Je suis sûr qu'il m'a attendu !

C'est effectivement le cas... Ma mère est entrée à l'hôpital un samedi midi (cancer généralisé, phase terminale). Le dimanche j'ai été la voir. Elle a sortie du coma, je lui ai donné un baisé sur le front. Elle a fait un léger sourire, le temps que je lui tenait la main, puis elle a fermé les yeux et c'était fini. Le médecin m'a dit qu'elle attendait quelqu'un avant de mourrir (ils sont habitués à ça) et c'était moi. Elle ne voulait pas partir sans me voir une dernière fois.

Je déteste les départs.

Denyse (elle y tenait a son y) est partie hier après-midi. Je lui parle intérieurement et lui dis qu'elle a bien fait de s'en aller.

Oui je suis certaine qu'ils attendent la personne bien aimée. Lull a attendu Maurice jusqu'au matin pour partir. Et Maurice est parti dans les bras de Pierre chez-moi.

chanson pour Denyse.
http://fr.youtube.com/watch?v=yAMG65Wfu5U

Ricordati di me.

Ricordati di me, questa sera che non hai da fare,
e tutta la città è allagata da questo temporale
e non c'è sesso e non c'è amore, ne tenerezza nel mio cuore.
Capita anche a te di pensare che al di là del mare
vive una città dove gli uomini sanno già volare,
e non c'è sesso senza amore, nessun inganno nessun dolore,
e vola l'anima leggera.
Sarà quel che sarà, questa vita è solo un'autostrada,
che mi porterà alla fine di questa giornata,
e sono niente senza amore, sei tu il rimpianto e il mio dolore
che come il tempo mi consuma.
Lo sai o non lo sai, che per me sei sempre tu la sola,
chiama quando vuoi, basta un gesto forse una parola,
che non c'è sesso senza amore, è dura legge nel mio cuore,
che sono un'anima ribelle.
Ricordati di me, della mia pelle, ricordati di te com'eri prima,
il tempo lentamente ti consuma.
Ma non c'è sesso e non c'è amore, ne tenerezza nel tuo cuore
che raramente s'innamora.
Ricordati di me, quando ridi, quando sei da sola,
fidati di me, questa vita e questo tempo vola.
Ah ah ah ah.

Et aussi ce texte:

La mort n'est rien
Charles Péguy
d'après un texte de Saint Augustin

La mort n’est rien
Je suis simplement passé dans la pièce à côté.
Je suis moi. Tu es toi.
Ce que nous étions l’un pour l’autre, nous le sommes toujours.
Donne-moi le nom que tu m’as toujours donné.
Parle-moi comme tu l’as toujours fait.
N’emploie pas de ton différent.
Ne prends pas un air solennel ou triste.
Continue à rire de ce qui nous faisait vivre ensemble.
Prie. Souris. Pense à moi. Prie pour moi.
Que mon nom soit toujours prononcé à la maison
comme il l’a toujours été.
Sans emphase d’aucune sorte et sans trace d’ombre.
La vie signifie ce qu’elle a toujours signifié.
Elle reste ce qu’elle a toujours été. Le fil n’est pas coupé.
Pourquoi serais-je hors de ta pensée,
Simplement parce que je suis hors de ta vue ?
Je t’attends. Je ne suis pas loin.
Juste de l’autre côté du chemin.
Tu vois, tout est bien.

Ce qui a été lu aux funérailles.

Touchant et émouvant...

Je viens de regarder "Tout le monde en parle" et je suis assez bouleversée...

J'ai pensé a quelqu'un ici très très très fort, assez que le coeur a dû frapper fort dans sa cage de chair.

(Le témoignage de C.Tétreault)

Rassurant aussi

Diane a écrit:

Je viens de regarder "Tout le monde en parle" et je suis assez bouleversée...

J'ai pensé a quelqu'un ici très très très fort, assez que le coeur a dû frapper fort dans sa cage de chair.

(Le témoignage de C.Tétreault)

Oui, en effet... très touchant.

C'est notre regard sur la mort qu'il faudra apprendre à changer un jour, apprender la mort tout simplement, l'intégrer à la vie puisqu'elle en est l'inaliénable fil.
Femmes qui mettons au monde, nous le savons bien, nous déposons la vie au creux d'un berceau, nous injectons par la même occasion le poison mortel, puisque nous sommes bêtement humainement mortels.
Et il n'en reste pas moins vrai que laisser partir ceux qu'on aime relève de l'exploit.
J'ai dit un jour à Diane que chez les chamanes, la tradition veut qu'on ne soit pas triste le jour des funérailles, car toutes les larmes empêchent l'âme du défunt de s'envoler vers le territoire qui, désormais est le sien. J'aime beaucoup cette coutume. elle vaut naturellement ce qu'elle vaut, et elle vaut davantage quand on peut la savourer calmement, lorsque tous les gens qu'on aime sont réunis autour de soi et bien vivants.
L'adapter aux circonstances, le jour où le malheur fond sur vous est une autre paire de manches, j'en ai une conscience aigüe.

Mon père a attendu un jour supplémentaire pour mourir, celui de la date anniversaire de la mort de sa mère, ma grand-mère. Ils seront donc décédes tous les deux un 18 décembre, il n'y aucun hasard, il y a juste une figure de style, un chapeau qu'on découvre une dernière fois, un "je le voulais ainsi", devant lequel, je m'incline.
Je ne fréuent e pas les cimetières et encore moins pendant la saison. Il m'arrive de m'y rendre et de déposer, quelques fleurs ramassées ça et là, pendant des siècles, j'ai porté mes morts sur moi, dans mon coeur, dans mon sac, dans ma tête, j'avançais, mais j'étais cabossée. Je leur ai dit un jour que ce n'était plus possible, ils m'ont répondu qu'ils ne m'avaient jamais demandé de faire cela, c'est moi toute seule qui m'étais chargée de ce fardeau.
Aujourd'hui, je suis infiniment plus légère, je peus sourire en pensant à eux, il n'y a plus de haine, plus de guerre, il n'y a que ceux que j'ai profondément aimés et qui m'ont laissé parce que telle est la vie, il faut passer, nous ne sommes que de passage.
Si un jour, je dois accompagner quelqu'un dans la mort, j'ignore ce que je ferais, je ferais probablement ce que mon coeur me dictera et il est vraisemelable, me connaissant que je ne pourrais pas jouer un personnage confit de certitudes, parce que je n'en aurais aucune.
Mais si j'ai de la peine à l'idée du départ, je crois que je le dirai aussi, je crois, je n'en sais fichtre rien.

Belle réflexion, lolo du sud!

Vivre le présent avec les souvenirs heureux du passé. Quoique parfois, je puisse comprendre qu'il ne soit pas facile de tourner la page.

Lolo qui écrit avec son âme c'est du Lolo tout pur et tout direct et comme je déteste tellement l'absence de doute chez les gens c'est vous dire a quel point j'aime Lolo...

Les réflexions de Lolo...

C'est un sujet qui me touche beaucoup, parce que justement, je n'ai aucune réponse, et que les "toutes faites" ne me conviennent pas.
En général, je n'aime pas être dans l'ignorance, alors je cherche des réponses, je pioche, je fouille, je bine, mais là, face à ce sujet, je ne sais pas et il n'existe aucun manuel, du reste, je ne suis pas certaine que je le lirais si je le trouvais. En librairie, on trouve des succédanés, des expériences machin chose, des témoignages, parfois on trouve quelques vibrants hommages, mais qui peut dire ce que nous ferons, nous, le jour où nous aurons à faire face à ce genre de situations ?
Une de mes collègues a récemment perdu son père, hospitalisé dquelques jours auparavant dans une unité de soins palliatifs, cet homme ne voulait pas mourir, il le disait à ma collègue "ne me laisse pas partir" comme si elle avait eu, elle, une baguette magique susceptible de changer le cours des choses. Elle ressortait effondrée de chacune de ses visites, mais elle continuait cependant à lui dire que jusqu'au bout, elle serait avec lui, elle a tenu promesse. La veille de son décès, il lui a demandé de faire passer les avis de décès dans la presse et il lui a redit de ne pas le laisser partir, elle a dit oui à toutes ses demandes et alors il est parti.
Lorsque j'ai du me rendre après le décès de ma tante bien aimée dans sa maison, j'avais été éberluée par la paperasserie qui s'étalait sur la grande table du salon, comme si elle avait été interrompue dans sa tâche. A y regarder de plus près, le désordre n'était qu'apparent, en réalité les papiers étaient classés, et elle avait meme sorti un petit carton de dentelles sur lequel j'avais jeté mon dévolu depuis longtemps. J'ai l'intime conviction que ma tante avait perçu cette cassure entre la vie et la mort, j'ai l'intime conviction qu'elle savait qu'elle allait mourir et qu'elle s'y préparait en triant ses documents.
Peu de temps avant que ma grand-mère ne meure, quelques heures avant devrais-je dire, j'étais allée la voir à l'hopital. Ma grand-mère était très agée, ne parlait plus parce qu'elle avait du muguet autour de la bouche, elle m'a dit, étrange message " fais toujours bien ta soupe", sur le coup, je n'ai pas compris ce que cela pouvait bien signifier mais j'ai aquiescé , je l'ai vue apaisée et j'ai vraiment compris qu'il m'appartenait à moi, vivante, debout à son chevet de lui permettre de partir tranquille.
Dans mon hosto, lorsque je les croise, je suis toujours sidérée par la belle harmonie que je sens dans le corps des soignants et ils sont comme moi, finalement, la mort est leur quotidien, ils la regardent, parfois ils la mairisent, mais elle n'est jamais la même parce que chacun de nous est différent et ne l'appréhende pas de la même façon et quand je dis qu'ils sont comme moi, entendez par là, qu'ils n'ont pas plus de réponses que moi, ils adaptent simplement leurs sens à ceux de celui qui s'en va, ils se calquent sur son rythme, ses requêtes, je sais qu'ils ne mentent pas sur l'issue, à quoi bon ? ceux qui intégrent les soins palliatifs savent aussi très bien où ils sont, ils rassurent, ils caressent, je ne dirai pas que la mort est une amie, mais elle ne leur est plus étrangère, ils savent lui parler et en le faisant, ils participent formidablement à faciliter ce fameux passage.
C'est un sujet périlleux que celui-ci, il faudrait pouvoir éviter les écueils et ils sont nombreux, là, non plus, il n'y a pas de recette, je n'en connais pas.
Et pour finir mon monologue qui doit vous saouler, à titre personnel et selon l'impitoyable loi de la nature qui me fait faire les plus belles gaffes de la création, un jour, j'ai reçu un homme qui était abominablement agressif. Je commençais à trouver le temps long parce que pour moi, la maladie autorise un certain nombre de choses mais je n'aime pas qu'on s'en revete pour se permettre des brusqueries ou autres grossièretés, bref, j'avance tant bien que mal dans mon questionnaire (il s'agissait de lui obtenir des aides éventuelles) et au moment où je m'y attends le moins, il me sort tout de go et avec rudesse " j'ai le sida, je vais mourir", et là, que s'est-il passé, au lieu de rétorquer une miellerie quelconque je me suis entendue lui répondre (non sans horreur toutefois) " ah, ça, c'est con!" et à cet instant précis il a éclaté de rire, la glace était rompue et nous avons pu discuter enfin. Il m'a dit ce jour là qu'il prenait une espèce de malin plaisir à balancer sa maladie à la tête des gens, rien que pour voir l'effet sur leurs figuresr et j'étais la première à lui avoir retourné son boomerang. Nous avons sympathisé et jusqu'à la fin (il est mort depuis)quand il venait pour ses soins, il passait me dire bonjour. Un jour il est passé et il m'a dit "cette fois, je ne ressors plus, dis moi bonne chance" et je l'ai fait en le serrant sur mon coeur, mais ça, c'était facile parce que le langage du coeur est le seul qui ne trompe jamais.

Pardonnez moi la longueur, mais c'est vrai, ce sujet est important pour moi.
J'aime la vie, c'est un perpétuel miracle !

Bon diou Lolo quel beau texte; j'arrive de la vie la plus "vivante" qui soit, j'étais a la plage, puis dans le bois a chercher l'automne pour Tonia.

Ton texte est profond mais léger et très agréable a lire.